Bukit Lawang, la porte des montagnes

Nous arrivons à Bukit Lawang, petit village construit à l’entrée de la jungle le long de la rivière, fidèle à mon souvenir qui remonte à 16 ans, quoique le nombre d’hôtel et de restaurant ait un peu augmenté.
L’hôtel que j’avais réservé se trouvait d’après Maps.me près du parking à l’entrée du village, car il n’y a aucune route, seuls les piétons et quelques motos peuvent circuler. Riverside se trouve en fait plus en amont, nous devons donc marcher 20 minutes avec nos gros sacs, le long de la seule rue, pour pouvoir profiter de notre spacieuse chambre, équipée de moustiquaires, et apprécier la vue sur la jungle et la rivière. Guesthouse tenue par une nantaise Marie, tombée amoureuse du site et on la comprend bien, et Fadill son mari. (http://www.riversidebukitlawang.com/ que nous recommandons les yeux fermés)
La première journée nous voulons profiter des lieux pour nous remettre de ce long trajet de presque 9h depuis le lac Toba. Ce qui nous permet de faire le tour et de se renseigner sur les tarifs des treks.
Nous nous arrêtons manger le fameux Nasi Goreng et rencontrons une française installée dans le région nord de Sumatra, Aced. Cette femme de 88 ans nous raconte son parcours avec passion. Amoureuse des animaux et de la nature, elle est venue s’installer sur un très grand domaine de 6 500 hectares de jungle dans le but de sauvegarder cette partie de forêt contre les exploitations de palme.
Une très grande partie des forêts primaires de Sumatra sont partie en fumée au profit d’entreprises d’huile de palme, ce qui devient une catastrophe écologique pour l’île. Un ami occupant une place importante au gouvernement lui a suggéré de s’installer ici pour refroidir l’envie de multinationales de tout brûler, aussi bien la flore, que la faune et la population indigène vivant sur place. Personne ne prend le risque de s’attaquer aux étrangers.

Toujours active, elle est à Bukit Lawang pour une quinzaine de jours, pour organiser une table ronde et tenter de trouver des solutions afin d’éviter le massacre des Orang-outans par les exploitants des palmeraies. Les singes viennent chercher de la nourriture et les cœurs des palmiers qui meurent ensuite. Ils ne connaissent pas les frontières entre jungle et exploitations de palmiers.

Malgré le prix élevé, nous choisissons de partir le lendemain pour le trek de 2 jours dans la jungle, accompagné de Jay, John et Tison (https://www.bukitlawangtravel.id/). Les filles ont un peu insisté pour rester dormir là-bas.
La jungle est une vraie montagne, les montées très raides et les descentes à pic. Le parcours pour adultes est le même que celui avec enfants, heureusement qu’il y a des pauses avec fruits, pique-nique. Et nous avons beaucoup de chance de croiser la route de nombreux orang-outans et autres singes.
Nous croisons même celle d’un énorme mâle qui nous rejoindra lors de la pause déjeuner. Nous apprenons que les orangs-outans sont les singes qui ont le plus de similitudes avec l’homme. C’est assez troublant de les regarder, tellement leurs expressions, gestes sont similaires aux nôtres, avec beaucoup plus d’agilité et de force.
Un orang-outan possède 8 fois la force d’un homme, ce qui nous dissuade de les approcher.

Nous arrivons au camps après une descente abrupte où heureusement de multiples racines nous permettent de nous accrocher.
Plusieurs cabanes, enfin bambou et bâche plastique, sont construites le long de la rivière, et notre espace pour dormir est déjà installé.
Le soir, notre cuisinier nous a préparé un excellent repas que nous partageons tous ensemble à la lueur des bougies entourés de bruits divers. Romane et Camille restent jouer aux cartes avec Jay et John et semblent bien s’amuser.
La nuit se passe bien pour les filles, pour Damien et moi, notre poids (et peut-être l’âge aussi) semble être un vrai problème, nous avons un peu mal aux hanches, au dos… manque d’habitude de dormir sur des surfaces dures. Sans parler du bruit de la rivière qui fait un raffut pas possible.
Nous dégustons notre petit-déjeuner avant de rejoindre une cascade. L’eau fraîche vient à bout de la fatigue, et les filles découvrent la peinture corporelle avec du charbon et de la terre, la fabrication de couronne et de bracelets.
Nous empruntons le « Jungle Taxi » pour terminer notre expédition, nous grimpons sur des bouées accrochées entre elles pour retourner au village. Une bonne partie de rigolade.

Nous prolongeons notre séjour ici pour profiter du calme, faire les devoirs, une lessive, mettre à jour le blog, se reposer.
Même si Bukit Lawang s’est beaucoup agrandi depuis, les lieux restent encore tranquille. Il ne faudrait pas que les constructions d’hôtels continuent à cette cadence.

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