Myanmar avec mon Harem

Le 19/03/2018, Yangoon (Myanmar)
Bon anniversaire Maëlle!!! ça y est, elle a six ans, j’ai fêté mes 39 à Paris, Mag ses 38 à Jakarta, et Maëlle dans la capitale du Myanmar!!! C’est le hasard, mais c’est toujours dans une capitale…
Ça fait sept jours qu’on a quitté la Thaïlande et je me sens mieux. Il est 6h30 et les moines et les novices continuent de défiler avec leurs oboles pour demander l’aumône. Les habitants ici sont très pauvres, mais très généreux et de fervent croyants. Dans tous les temples, des montagnes de billets de banques s’entassent devant les Bouddhas, et ils donnent régulièrement au moines et autres mendiants (il y en a plus en ville). Je ne comprends pas pourquoi il y a autant de moines et surtout autant de jeunes novices, ça me fait penser au moyen âge en France, où l’église avait beaucoup de pouvoir, et où chaque famille donnait un de ses fils à la religion pour l’honneur et je ne sais quoi… Partout dans le pays, même si on voit quelques églises et autres mosquées, les temples et autres pagode pullulent, érigés sur chaque sommet aux quatre coins du pays. Chaque grotte est investie par les témoignages religieux, où des bouddhas de toutes tailles et dans toutes les positions sont vénérés. On a même visité le plus grand Bouddha couché du monde 200 ou 300 mètres de long, dans lequel, sur plusieurs étages, des sculptures raconte l’histoire de bouddha, mêlée à l’histoire du roi (là aussi, politique et religion sont intimement liées).

Ici, par contre, et contrairement au pays précédent, le touriste n’est pas abusé systématiquement, et les gens sont même plutôt fier quand on prend le temps de discuter, ou de s’asseoir à la table de leur restaurant… Les filles font encore un malheur, et ils sont même surpris qu’on en ait fait 3. La plupart n’ont que deux enfants. Le salaire moyen, mensuel est de 100 €, en mange bien en général, pour 2 ou 3 euros par personne, des fois moins!!! Ici, la polygamie est autorisée, un homme peut avoir jusqu’à sept ou dix femmes…

Donc maintenant que Sophie, Lisa et Mamounia sont arrivées, me voilà entouré de sept nanas!!! On devait prendre le train pour Mandalay, mais les wagons couchettes étaient full, donc on ira en Bus de nuit. Le train, on a testé pour arriver à Yangoon, 11h00 de trajet à 20 km/h, respirant la fumée de la locomotive, toutes fenêtres ouvertes, on a quand même profité des paysages birmans. Alternance de rizières brûlées et poussiéreuses, avec d’autres verdoyantes et humides. Des petits villages, où des murs de sons crachaient aussi bien de la musique techno que des chants traditionnels. D’autres coins où chaque petit bosquet abritait une cabane et quelques vaches. Mais c’est en arrivant dans la banlieue de Yangoon, qu’on voit très bien la précarité de beaucoup de gens, les bidonvilles de Calcuta n’ont rien à envier à ceux de Yangoon, et pourtant les enfants sourient et saluent le passage du train, d’autres ados se font une partie de foot volley, avec des petits ballons en osier. La bas, des porteurs d’eau, remplissent des bidon de 20 litres, couleur type Sika, et les livrent aux femmes pour la lessive ou la toilette. Ici, il y a plein de petit boulot, du parcmètre aux serveuses (une pour le balais, une deuxième pour la serpillière, et encore une autre pour l’éventail…) Tout s’achète et se vend, des fruits aux pièces détachées d’un bateau, les rois de la récup’, il faut voir certains véhicules, complètement customisé avec des moteurs apparents, sans carrosserie, mais aussi, des charrettes tirées par des bœufs. Ce pays m’enchante, Il y a un tel décalage avec ce qu’on vit en France, que je m’y sens bien.

Yangoon, ville où se côtoient, immeubles tout neufs, et grandes maisons coloniales en décrépitude, certaines habitées et d’autres abandonnées. Autres choses incroyables, ici, on achète des animaux pour les libérer, ça passe par des oiseaux, au poissons, anguilles et crapauds. On achète aussi des graines pour les pigeons, ou du riz pour les chiens, de la viande crue pour les corbeaux… On peut aussi se payer une assiette de grillons pour l’apéro, ou des vers type œstre qui est sorti de la tête de Maëlle au Brésil!!!
Depuis la chambre d’hôtel, bien que dense et bruyant, le trafic parait beaucoup moins chaotique qu’à Jakarta ou Bangkok… J’aurais l’explication quelques jours plus tard : les deux roues motorisés sont proscrits dans la capitale du Myanmar. Ça parait anecdotique, mais c’est fou comme ce point de règlement change la perception d’une ville. Le dernier jour à Yangoon, après la matinée de devoir, et les bougies soufflées (Maëlle a été gâtée, les employés de l’hôtel se sont même cotisés pour lui offrir une paire de tongs sertie de diamant!!!), nous flânons autour d’un grand lac pour tuer le temps avant d’embarquer en bus pour Mandalay. Dans le bus, Bollywood à la télé qui énerve Camille et nous fait bien rire, puis pause à minuit, et une autre à 4h00. On ne peut pas rester sur nos siège, les lumières (ou projecteurs) enflamment nos pupilles malgré les bonnets d’yeux posés sur le visage de mes femmes…

le 23/03/2018 Mandalay
Il est 7h00, et nous quittons Mandalay pour Bagan, à bord d’une grosse barge métallique de la 7MGRG Express. Mandalay est une grande ville, bruyante, poussiéreuse et polluée, où l’odeur nauséabonde des caniveaux emplit les narines et resserre la gorge à chaque pas sur le trottoir. Comme dans toutes les villes d’Asie jusqu’à présent. Le centre de l’univers, grand palais rénové plusieurs fois n’a pas vraiment d’intérêt, et les milliers de pagode qui jonchent la ville et les collines sont toutes différentes, mais pour nous, commencent à toutes se ressembler. Depuis 2 mois, et trois pays, on commence à saturer de visiter ces édifices religieux remplis de bouddhas.
Sur les berges du fleuve, l’extraction de sable, avec ses pelleteuses, camions et autres barges animent le début de notre descente vers Bagan.
Lors de notre visite de Sangray, cité aux sept cents pagodes, où vivent 5000 moines (3000 monks H et 2000 nanks F), on essaye de comprendre pourquoi la religion est si importante dans ce pays. Tous les habitants ont été moines dans leurs vie, autant les orphelins que les musulmans, juifs ou catholiques…

Les jeunes, une fois leur quête de nourriture achevée, rentrent au monastère pour manger l’unique repas servi au réfectoire entre 10h00 et 10h30, puis étudient la langue sacrée de bouddhas. Aucune autre matière au programme. Puis après l’université, et le contrôle de fin d’études, chacun décide soit de devenir moine pour atteindre l’élite et devenir un demi dieu, soit de rentrer dans la vie active. Les hommes sortent tous les jours pour mendier les offrandes, alors que les femmes ne sortent qu’une fois par semaine, dans leur habit rose, et rentre cuisiner. Les hommes seuls peuvent récolter des aliments cuits…
Je comprends mieux maintenant pourquoi tous le monde est aussi généreux!!!

Nous informons notre chauffeur guide, que son programme de la journée ne nous intéresse pas, et lui proposons une variante. Il nous emmène donc d’abord dans une fabrique de tissu, artisanale, où nous regardons les hommes et femmes réaliser le filage et le tissage manuellement, sur leur métier à tisser archaïque. Une journée pour un sarong basique, quadrillé et deux couleurs, jusqu’à 1,5 mois pour un sarong spécial mariage traditionnel (pièce de 1.5 ml *2 ml). Je suis impressionné par la patience de ces femmes au travail, j’en aurait des crampes à tous les doigts… Juste à coté, une mini usine, où sont fabriqués les grande pièces, type rideaux. Nous ne pouvons les quitter sans acheter un souvenir.
Nous nous arrêtons ensuite chez les tailleurs de pierre, ici pas de chasse ni de burin, seuls les lapidaires officient pour découper le marbre blanc descendu des montagnes du Myanmar. Une dizaine de lapidaires, autant de disques et mèches différentes, et autant d’ouvriers recouverts de poudre blanche, qui s’activent pour créer des bouddhas, par centaines, dans un bruit strident continu, et un nuage de poussière opaque. Un peu à l’arrière, deux femmes polissent le marbre, à l’eau, patiemment, jusqu’à que le bouddhas soit aussi lisse que le bidet des toilettes… Autres lieux et autres artisans, cette fois nous stoppons chez un sculpteur sur bois. C’est impressionnant de précision et de travail, Chaque sculpture nécessite des heures de travail, puis une fois taillée, polie, traitée au pétrole, l’oeuvre est peinte, dorée à la feuille d’or ou sertie de pierres précieuses. Ici quelques bouddhas bien sûr, mais aussi de véritables histoires racontées sur des pièces uniques, des animaux réels ou imaginaires…etc.
Nous terminons la journée par une petite balade sur un pont en bois de plusieurs km, chevauchant le lac de Mandalay.
Le lendemain, après le repas le moins cher du voyage, (5000 k= 3.25€ pour 8 personnes), nous rendons visite au batteurs d’or. La boulette de 32 grammes d’or 24 carats, est fondue, puis réduite en feuilles d’or extrêmement fines, grâce au martelage incessant des hommes sur ces petits livres aux feuilles de bambou. Nous découvrons la fabrication de ces feuilles, 3 ans minimum entre la macération et le traitement de la pâte obtenue pour réaliser les feuilles. Le martelage des feuilles d’or dure d’abord 2 fois 30 min, pour diviser et réduire encore l’épaisseur, puis 5h00 pour obtenir l’épaisseur finale. Toute la journée à taper sur un livre, avec un maillet en bois, je deviendrais dingue!!!

Je rentre avec mes enfants, à l’hôtel avec clim, pendant que mes 4 autres femmes, sous la chaleur, recherche un nouvel appareil photo pour Magali.
Le soir, nous testons un restaurant, plutôt pas mal, mais blindé de touristes. La cuisine du Myanmar n’est vraiment pas exceptionnelle, ni la Thaï d’ailleurs. Les meilleurs plats et dans plusieurs restaurants différents, étaient en Indonésie, sur les rives du lac Toba.

Le 25/03/2018 Bagan
Nous avons quitté Mandalay à 7h00, et c’est une meute de chauve souris immenses qui nous attend à la descente du bateau. Le trajet aura duré 11h00. Après avoir payé la taxe touristique, le droit d’entrée à Bagan (25000 kyat), et négocié le taxi, 4 au lieu de 10000, c’est une agréable surprise qui nous
attends : un hôtel avec piscine. La ville est plus à taille humaine que nos précédentes étapes, il y a même des charrettes à cheval… Les odeurs nauséabondes sont absentes dans les rues, mais le sable est partout, bain de pieds obligatoire après chaque sortie dans la rue.
On voit quand même que le tourisme est la principale ressource économique, et les prix sont plus élevés qu’ailleurs. Le lendemain, nous louons des vélos pour une belle balade dans le vieux Bagan, où des milliers de temples, stupas et autres pagodes parsèment la campagne. On pourrait même survoler le site de plusieurs km² en montgolfière, mais même si l’idée est attractive, les prix le sont beaucoup moins!!! On voit toujours beaucoup de bouddhas, mais ici, ils sont un peu moins doré, et les ruines sont magnifiques. Tout est édifié en briques rouges, il aura fallu un temps fou pour maçonner tous ces ouvrages, et dans quel but???
Je n’arrive toujours pas à comprendre, comme dit Mamounia : encore aujourd’hui, je me demande quel budget consacre chaque habitant au bouddhisme?
Seul Bémol, ici, ce n’est pas une mosquée qui crache ses prières dans les hauts parleurs 5 fois par jour, mais une stupa bouddhiste, qui braille une prière 24h/24. Jours et nuits, la même cassette qui passe en boucle, malgré les boules quies, personnes ne peut dormir sur ses deux oreilles… C’est même encore plus pénible que les mosquées!!! Ce soir, on va profiter de l’obscurité pour déclencher une panne de courant générale, ou alors mettre directement le feu à la chaîne hifi qui refuse de se taire!!!! Avant de se coucher, Sophie nous apprend qu’un hollandais de 30 ans risque 2 ans de prison, parce qu’il a débranché les haut parleur pour dormir à Mandalay. On ne rigole pas avec la religion ici!!!

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